Le jeu, principal outil de l’animateur

 

Entre deux parties, au détour de nombreuses discussions, je me souviens il y a quelques années, avoir répondu à la question « mais pour toi le jeu, c’est quoi ? » par « Le meilleur outil de l’animateur ». Je fus aussitôt repris par un collègue et ami : « C’est pas notre meilleur outil. C’est notre SEUL outil. »

5 ans plus tard, je ne peux que constater qu’il avait raison. L’animateur est un professionnel du jeu, et si bien souvent il s’octroie diverses missions éducatives, sociales, culturelles voir ésotériques, il oublie souvent que quelque but qu’il poursuive, le vecteur est le même : Le loisir, le jeu.
En une décennie d’animation, je ne compte plus les « débats » chiants, les « informations » assommantes, les «régulations» pompeuses et longues auxquelles j’ai assisté.

Qu’est que le jeu au fait?

Il est de coutume de dire que l’animateur peut être parfois prof, parfois grand frère, parfois parent, parfois flic, mais la vérité, c’est qu’à partir du moment où il sort du jeu, il perd sa crédibilité. Gardons cette phrase en mémoire, nous y reviendrons.

Mais avant, qu’est-ce que le jeu ? Bien des personnes d’horizons divers se sont penchés sur la question, sociologues, philosophes, ludothécaires, et peu sont arrivés à une définition satisfaisante tant cette notion de jeu est vaste.

Une fois n’est pas coutume, pour obtenir une définition exploitable du jeu, nous allons détailler quelque peu ce mot…

Nous connaissons tous :

  • Les jeux vidéo
  • Les jeux sportifs
  • Les jeux de société

Laissons pour l’instant les deux premiers items et intéressons-nous aux jeux de société : (Les mots qui vont suivre sont piochés parmi les ouvrages de Cardan, Leibniz, de Possel, Parlebas von Neumann ou Moulin, que je vous invite à lire)

les échecsAu sein des jeux, on a pu déterminer les aspects suivants qui sont commun à TOUS les jeux, et que nous étayerons par l’exemple des échecs.

  1. La nécessité ou non de disposer d’une certaine forme d’habileté motrice. Dans le cas des échecs, non.
  2. Ce que Michel Boutin nomme « Aspect combinatoire », autrement dit l’impact de la raison et de la logique sur le jeu. En clair, la capacité à calculer la victoire ou la défaite de manière certaine et mathématique. Dans le cas des échecs, c’est le cas.
  3. L’impact du hasard. Si un générateur de hasard intervient au cours de la partie, pouvant modifier la tactique de l’un ou l’autre joueur, alors ce jeu peut être classifié comme jeu de hasard. Aux échecs, point de hasard. (On ne saurait considérer le choix de la couleur comme du hasard puisque cette donnée est connue en début de partie)
  4. L’accès à l’information. Une information est dite complète et parfaite quand chaque joueur à accès à la totalité des données disponible à tout moment. C’est encore le cas aux échecs : tout est sur le plateau. Au poker, nous avons une information incomplète (une partie des cartes est sur la table, l’autre dans les mains de l’adversaire…) ; Au tarot, nous avons une absence d’informations : On ne voit que ses propres cartes.
  5. Le nombre de joueurs. Dans le cas des échecs, deux.

On le voit, un jeu ne rentre pas dans une seule case. Les (rares) jeux n’entrant que dans une seule catégorie (Par exemple, jouer à pile ou face est purement un jeu de hasard…) ne sont en général pas très intéressants, ni même très ludiques.

Dans le milieu du jeu, on emploie un certain nombre de « classifications » officieuses, qui prennent en compte à la fois le but, le moyen et le thème du jeu. On peut trouver par exemple :

  • Le jeu d’occupation de l’espace (Blokus)
  • Le jeu de conquête (Risk)
  • Le jeu de Bluff (Poker)
  • Le jeu de gestion de main (Tarot)…

Mais là encore, des recoupements sont possibles : Par exemple, le Condottiere est un jeu de conquête, de gestion de main et de stratégie. Vous l’aurez compris, il existe presque autant de définitions que de jeux…

C’est bien joli ces théories, mais en attendant à quoi ça me sert moi petit animateur bafa ?

Bonne question. A laquelle je réponds par une autre question : « Qu’est-ce qui fait l’intérêt d’un jeu ? »

Réfléchis.

Réfléchis.

Les règles ? Ouais. Les règles. L’intérêt (paradoxal pour un loisir !) du jeu réside dans le fait d’évoluer dans un espace très restreint codifié par des règles extrêmement strictes.
Prenons l’exemple du football : Un terrain surpeuplé, un ballon que l’on ne touche qu’avec les parties du corps les moins habiles, des règles compliquées à comprendre et même à juger (le hors-jeu)… Et pourtant des millions y jouent.

Plus un jeu est compliqué, ardu, difficile, plus il est en général prisé par les joueurs chevronnés. Alors que les enfants de 3 ou 4 ans jouent souvent à des jeux très… vagues dans leurs buts. Le plaisir d’un jeu réside dans la compréhension de règles complexes régissant les interactions entre les joueurs et restreignant significativement leurs possibilités.

Je te laisse, petit animateur BAFA ou grand chef DEJEPS, faire le parallèle avec la vie en société ou au sein d’un ACM…

En clair ?

off the deadTes Ados de 14 ans sont incapables de s’entendre pour un rangement de chambre efficace et coordonné ? Une partie d’Off The Dead, un jeu de coop graveleux ou des pom pom girl, des militaires et des clochards butent du zombie à la Tronçonneuse, mais ou nul ne peut survivre seul et ou les plus banales compétences deviennent vitales.

Tu dois « éveiller l’intérêt pour la lecture » avec des 5-6 ans dans le cadre de la Réforme des rythmes éducatifs ? Une partie d’Il était une fois, un jeu de logique et de gestion de main les rendra dévoreurs de contes.

Tu dois détendre des 16-17 ans un peu coincés ? Un Twister et le tour est joué.

Il est de coutume disions-nous de dire que l’animateur peut être parfois prof, parfois grand frère, parfois parent, parfois flic, mais la vérité c’est qu’à partir du moment où il sort du jeu il perd sa crédibilité. Comment passer de flic à grand frère sans cesser de jouer ?

Qui a dit jouer un rôle… ?

La Ludothèque de l’auteur 

ludothèque personnelleJeux de dés : Zombies Dice, Perudo, Yam, Dungeon, Chtulu Dice

Jeux de rôle : Loup Garou, Lien du sang, Nosferatu, Mascarade, Munchkine.

Jeux d’occupation de l’espace : Blokus, Awalé, Neutron, Eclipse, Corridor.

Jeux de stratégie : Quarto, Le trône de fer, Zombies !!!, Scotland Yard, Saboteur, Small World, Condottiere, Citadelle, Echecs, Voldetour, The Boss, Kahuna…

Jeux de coopération : L’Ile Interdite, le Désert Interdit, Off The Dead, Onirim, le Signe des Anciens

Jeux d’Ambiance : Elixir, Caractère, Taboo, Colocs, Service Compris, Fifty-Fifty, Banzaï…

(Compter 10 ans et +/- 1000€ d’investissement… En comptant les extensions et les pertes/vols/emprunts jamais rendus…)

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Publié le 26 avril 2016 Par Loic Renault
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3 réflexions au sujet de « Le jeu, principal outil de l’animateur »

  1. Soit.

    Off the Dead est un “must have” de toute ludothèque a mon sens: D’une part, il est petit (boîte de 8x12x3cm), beau, pas cher (15€) et relativement rare; D’autre part, c’est un jeu de coopération pour les plus grands, ce qui est rare; Enfin, c’est un jeu de coopération qui est vraiment amusant, ce qui n’est pas le cas de tous.

    L’idée est simple: Dans un monde post-apocalyptique, les survivants luttent pour survivre. Alors qu’ils ont trouvé un hélicoptère pour s’enfuir, une horde de zombie les attaque. Chaque joueur incarne un personnage de série Z made in USA qui a réussi a sauver un objet: Le flic noir et son fusil a pompe, le colonel en retraite et sa machette, le mime et son orgue de barbarie, la cheerleader et sa batte de baseball, l’infirmière et ses seringues d’adrénaline, le sdf et son chien Tenia… A son tour de jeu, la vague de zombie avance d’un pas (chaque joueur se trouve a 6 pas du nid), et le joueur dispose de deux actions a choisir dans: Fouiller les décombres par une action style memory pour trouver des objets utiles (tronçonneuse, essence, soin, hache, armes, munitions…), lancer un objet a l’un de ses voisins, ou frapper un zombie s’approchant vers lui.

    L’intérêt majeur du jeu est que la coop n’est pas obligatoire: Quand il n’y a plus de zombies les humains gagnent. Par contre, elle est essentielle, car il est impossible de gagner seul. Il faut ainsi gérer son stock et les zombies qui foncent vers vous, mais également garder un oeil sur le voisin…

    A réserver a des plus de tous ans, les mécanismes sont simples mais l’erreur relativement rédhibitoire, et les cartes ont un coté très… Série Z justement, a base d’hémoglobine et de filles sexy qu’il est bon de pouvoir ordre au second degré.

  2. La meilleure façon d’empêcher les enfants de jouer est bien de faire du jeu un “outil” indispensable.

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