Lorsqu’on accompagne son enfant pour la première fois au centre équestre, on est parfois loin de penser qu’il y passera peut-être beaucoup plus de temps que prévu. Ou tout au moins, que l’activité peut tenir une place importante dans l’éducation de l’enfant. Le centre équestre est un lieu pour monter à cheval, mais c’est aussi un lieu de socialisation, où partage, échanges et vivre ensemble sont des valeurs omniprésentes.
De la pratique du baby poney aux cours collectifs
Lorsqu’on commence l’équitation jeune enfant, le baby poney est la première expérience de l’équitation. Puis, plus rapidement qu’un poney au galop, les baby poneys laissent place aux cours collectifs. Mais, dans le même temps, l’enfant grandit, ses rapports aux autres évoluent : Le centre équestre devient un lieu de socialisation.
Le baby poney, une activité rassurante, des enfants rassurent et préparent les poneys des petits
Le baby poney est une expérience qui peut se vivre très jeune (dès l’âge d’un an et demi à 2 ans selon les centres équestres). Elle permet au jeune enfant un premier contact avec le cheval. Le rapport au cheval dans la construction de l’enfant est enrichissant et éducatif mais pas seulement. La pratique de l’équitation, c’est aussi la découverte d’un monde, celui d’une pratique de loisirs. Après quelques promenades accompagnées des parents, ou d’un moniteur, ou après quelques tours de manège, l’enfant va parfois vouloir passer le cap de l’apprentissage à proprement dit. C’est le cours collectif.
Déjà, le baby poney permet les rencontres entre les enfants qui se retrouvent souvent sur les mêmes créneaux horaires de la semaine (mercredis et samedis). Selon les centres équestres aussi, la préparation des poneys est accompagnée par de jeunes cavaliers qui aiment aider les petits bouts à brosser, préparer le poney. Le cours collectif va renforcer ces liens entre les enfants. C’est d’ailleurs quelques fois une des premières raisons qui va pousser l’enfant à prendre des cours d’équitation : Les copains, les copines.
Les premiers cours collectifs – Rapports entre enfants
Les premiers cours collectifs traditionnels sont accessibles le plus souvent entre 4 et 6 ans, selon les clubs. L’effectif est souvent réduit à 6 jeunes cavaliers. Les enfants se retrouvent souvent sur les mêmes cours et il se créé naturellement une complicité au fil du temps.
Certaines structures organisent des cours collectifs baby-poney dès 2 ans, chaque enfant étant accompagné d’un adulte. L’activité est conçue pour développer motricité et rapports au poney et peut procurer beaucoup de plaisir aux enfants, qui participent avec leurs parents à une activité originale. Là encore, la notion du petit groupe d’enfants joue un rôle dans l’expérience : Les jeunes enfants évoluent les uns à côté des autres, ils s’observent, partagent, jouent ensemble.
Vivre un premier cours collectif d’équitation, c’est à la fois vivre à plusieurs un moment, et à la fois progresser dans sa pratique équestre personnelle. Et les deux notions sont liées : les autres enfants vont m’apporter, m’aider à me sentir capable, me montrer que c’est possible, sentir que je ne suis pas le seul à vivre une difficulté. Bachelard affirmait, en parlant de l’école que « le jeune milieu est plus important que le vieux, les camarades plus importants que les maîtres ». Et si, en réalité, c’était les enfants eux-mêmes qui s’apprenaient entre eux l’équitation ?
La préparation des chevaux, une activité d’entraide entre enfants
Si les enfants participent eux-mêmes à leur apprentissage pendant les cours, il est encore plus flagrant qu’ils s’apprennent entre eux en dehors des cours, dans le centre équestre. L’entraide est la devise principale des jeunes apprentis cavaliers, stimulant leurs relations, leurs apprentissages et leurs motivations.
L’entretien des box, des chevaux, un échange de savoirs et savoirs faire
Rapidement, l’activité équitation évolue dans l’esprit des enfants. Il n’est pas seulement question de monter à cheval lorsqu’on fait de l’équitation, mais aussi d’entretenir les box, brosser les chevaux, les préparer… Si ces tâches peuvent paraître contraignantes pour le néophyte, elles sont plutôt globalement bien vécues chez les enfants. En effet, pour l’enfant, c’est souvent le rapport au cheval qui prime sur le sport. Et c’est tant mieux ! Il n’est pas rare d’observer des enfants participer à l’entretien du centre équestre, préparer les poneys des autres sans fin, alors que leur cours est terminé depuis longtemps.
On voit souvent un petit groupe d’enfants travailler ensemble sur des missions d’entretien ou de préparation. A 2 ou 3, les enfants vont devoir approcher un poney caractériel, sceller un shetland pour un cours, aider un nouveau à trouver son poney, la bonne selle, à le brosser… Les échanges de savoirs et savoirs faire fusent alors entre les enfants, très naturellement.
Les liens entre les enfants dans le centre équestre
Alexandra Kassubeck, diplômée BPJEPS d’équitation, livre son expérience d’adolescente dans les centres équestres :
« J’ai beaucoup monté de 11 à 15 ans, fait beaucoup de compétitions, je passais ma vie et toutes mes vacances dans mon centre équestre ou dans un gîte équestre dans le Limousin et je garde des souvenirs très forts d’amitié et de partage, car mes amies et moi étions liées par une même passion. Certaines étaient plus douées pour curer les pieds, moi pour approcher le cheval qui faisait peur à tout le monde ! Mais je me souviens que nous étions une vraie communauté et que nous étions très soudées ! Les plus grands ou les « plus forts » sont souvent très protecteurs avec les plus jeunes, ils sont très fiers de les aider, de leur montrer. Pour les plus jeunes, ce sont des exemples à suivre. Il y a un aspect tout à fait propre à l’équitation, c’est de changer régulièrement d’instrument, ou de cheval. Ils sont tous très différents, et les enfants échangent énormément sur ce sujet, ils se donnent des conseils, des astuces, des mises en garde pour évoluer au mieux avec telle ou telle monture. »
Le rôle du moniteur
Si la formation (BEES ou maintenant BPJEPS), accessible après un galop 7, prépare les futurs moniteurs à la gestion d’un centre équestre et à la pédagogie des cours, elle insiste assez peu sur la notion de socialisation des jeunes pratiquants.
C’est le plus souvent la sensibilité du moniteur et l’expérience qui va l’encourager à donner plus de place aux interactions entre enfants, dans l’apprentissage. Sur ce point, chaque moniteur aura sa pratique, et plus ou moins de recul pour à la fois assurer en toute sécurité les cours et la vie du centre équestre, à la fois laisser les enfants expérimenter et interagir.
Pour conclure
L’équitation est un merveilleux sport pour conjuguer valorisation personnelle de l’enfant et relations avec d’autres jeunes cavaliers. Les relations entre jeunes pratiquants sont fortes, éducatives et épanouissantes.
Le centre équestre, le stage d’équitation ou la colonie équitation sont de véritables lieux de socialisation où l’enfant va pouvoir mieux se connaître lui-même à travers sa pratique et sa relation avec l’animal, et mieux appréhender ses relations avec les autres. Parfois aidé, parfois aidant, il partagera des savoirs, savoirs faire et construira des liens qui lui permettront de s’enrichir du groupe.