C’est un exercice difficile de parler de l’engagement en évitant les écueils de la généralisation, surtout pour une association qui se construit avec les autres et dont chaque membre a son propre parcours, sa propre motivation.
Alors, nous avons décidé de co-écrire un article sur les points de vue personnels des membres du conseil d’administration et des 2 permanents.
L’article suivant pose des hypothèses, des points de vue personnels, et ne se veut nullement être une doctrine.
Après avoir écrit sur l’individualisation et la mixité sociale, il nous semblait important de s’interroger sur la question de l’engagement, troisième pilier de notre projet. Nous pensons que les 3 notions sont étroitement liées et définissent le sens de l’action d’Evasoleil.
Véronique, Sabine, Dominique, Mathieu, Sylvain, Laure de l’association Evasoleil
Pourquoi s’engager ?
Véronique : S’engager, c’est faire progresser le monde
Véronique est présidente de l’association Evasoleil, elle est présente dans toutes les instances concernant les grandes orientations de la vie de l’association.
Elle est également présente :
- aux réunions de préparation pour aller à la rencontre des équipes
- aux départs du bus à Paris et à la réunion de préparation du séjour solidaire pour aller à la rencontre des familles
- à Montalivet pour aller à la rencontre des enfants et des prestataires
“Il est important de s’engager car rien n’est jamais acquis. L’engagement est avant tout une histoire de valeurs.
Si je fais un flash-back sur mon engagement depuis 35 ans, je suis à plusieurs reprises revenue sur des valeurs que je croyais acquises.
Lorsque j’ai décidé de m’engager, je partais du principe que j’allais participer à l’évolution de notre société.
S’engager, c’est être en continuelle alerte pour que notre société évolue. Pourtant, parfois notre société fait marche arrière sur ses valeurs.
Par exemple, lorsque je militais en 1980 avec les animateurs de la ville de Montataire, sur les traces d’associations d’éducation populaire (L’union régionale des fédérations des œuvres laïques de Picardie, Les pionniers de France, Léo Lagrange de l’Oise …) mais aussi avec la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports de l’Oise avec les dispositifs tels que le développement social des quartiers (à l’époque, il y avait des militants dans les institutions!!!), nos actions visaient le vivre-ensemble, la lutte contre toutes les formes de replis communautaires.
C’était la période de SOS Racisme, des Restos du cœur. Nos combats ont porté leurs fruits, il faisait bon vivre dans notre cité “les Martinets” à Montataire. Nous étions optimistes.
Aujourd’hui, responsable d’un service enfance pour une grande ville du Val d’Oise, j’observe le retour du communautarisme et le repli sur soi qui enferment le citoyen dans un modèle unique où les tensions des quartiers réapparaîssent.
Rien n’est jamais acquis.”
Sabine : S’engager c’est donner et recevoir
Sabine est élue secrétaire, chargée des Droits de l’Enfant, elle est présente sur les commissions pédagogiques, sur les séjours d’été, les préparations avec les équipes, les enfants, les familles.
“Je pense que les valeurs qui circulent en nous ont besoin de se concrétiser, d’être partagées avec d’autres, pour nous permettre d’exister vraiment.
Je pense que s’engager c’est donner de soi à soi et à d’autres ; c’est offrir son patrimoine forces et fragilités. Il n’est pas rare de voir des personnes s’engager à un moment de leur vie alors que précisément, ce qu’elles vivent ne leur en laisse pas le temps… Peut-être est-ce vital à ce moment précis?
Je pense que l’engagement ne peut pas être un contrat, une obligation, ce n’est pas une commande qu’il faille honorer. C’est plutôt un réel besoin de participer à quelque chose de plus grand que soi-même.
Pourtant, mon engagement à Evasoleil a été, au tout début de mon histoire avec cette association, une rencontre humaine et non d’idées. Mon sens de l’engagement était en moi, presqu’en sommeil et quelque chose l’a réveillé. J’ai pu alors partager, exprimer, concrétiser ce qui circulait en moi ; parce que je crois que ce que nous possédons doit servir à participer à la vie.”
C’est quoi s’engager ?
Mathieu : S’engager, c’est passer de la pensée à l’acte
Mathieu est l’élu chargé des formations, il encadre chaque été les séjours de vacances Evasoleil en Gironde, participe aux commissions pédagogiques et coordonne le partenariat pour l’intégration d’enfants en situation d’exclusion sur nos séjours.
“Je vois l’engagement comme la mise en action d’opinions et de valeurs.
Prenons, pour exemple, mon engagement pour la mixité sociale à travers l’intégration de publics exclus des colos et de la société : quand Sabine nous a présenté le rapport 2015 de l’UNICEF sur le respect de la CIDE en France, j’ai ouvert les yeux sur l’ampleur de l’exclusion et de la discrimination des enfants roms notamment. Convaincu par l’idée que la colo est à la fois une occasion unique de créer de la mixité sociale et un espace pour les jeunes d’expérimenter un société plus juste, il m’est apparu essentiel d’ouvrir les colos aux enfants en situation d’exclusion sociale.
En Assemblée Générale, je propose que nous investissions nos excédents pour inviter 2 enfants en situation d’exclusion aux colos. La proposition est votée. Je suis chargé de trouver des partenaires. Après quelques recherches et plusieurs contacts, l’association Intermèdes Robinson me répond et m’invite à discuter avec eux.
Avec notre petite association, nous ne pourrons jamais renverser la situation. Il nous faut convaincre et susciter l’engagement. Je coordonne l’écriture d’un article présentant notre action. Pour ce faire, je retourne à Intermèdes Robinson, interroge les familles et les enfants, invite les parents et les travailleurs sociaux de l’association à co-écrire l’article.
Un an après, je me rends compte que nous avons pu inviter 2 enfants sur nos séjours et j’apprends que l’article a au moins créé le déclic chez un animateur qui décide de travailler avec nous bénévolement en contrepartie de l’inclusion de 2 jeunes supplémentaires sur nos séjours. Nous invitons donc 4 jeunes en 2018. Toutefois cela semble toujours trop peu. Nous pouvons faire plus en rendant notre démarche plus accessible, plus connue. Nous écrivons un nouvel article. Nous invitons Intermèdes à développer notre partenariat, co-écrire et diffuser cet article. Nous créons parallèlement un projet Lilo pour communiquer davantage sur notre action.
En 2 ans, 6 enfants en situation d’exclusion seront partis en vacances avec des enfants d’autres horizons. C’est insignifiant par rapport à l’ambition de faire disparaître l’exclusion de la société. Mon engagement ne change pas le monde.
En définitive, mon engagement agit moins qu’il n’appelle ou fera naître, je l’espère, d’autres engagements, qui mis bout à bout, changeront un peu quelques réalités.”
Sylvain : S’engager se conjugue au pluriel
Sylvain est co-fondateur et co-directeur de l’association, il est référent des commissions pédagogiques des séjours.
“Chaque personne doit pouvoir s’engager comme elle le souhaite, en fonction de ses envies. Il existe donc une infinité d’engagements possibles, pour des enfants, des jeunes, des parents, des partenaires, des animateurs.
Un exemple à cela est l’animateur volontaire qui s’engage contractuellement pour participer à l’élaboration puis la mise en vie d’un projet de séjour. Concrètement, il apporte au collectif ses sensibilités, ses idées, sa personnalité, un peu de son temps.
Chacun a des raisons différentes très personnelles de s’engager dans ce projet. Et chacun le fera d’une façon singulière.
En amont, certains animateurs créent des médias pédagogiques*, des articles*, participent à des débats sur nos groupes de travail en ligne etc. Nous organisons chaque année une « journée de préparation » qui permet de finaliser les choix pédagogiques de chaque équipe, par groupe d’âge, et principalement pour les 2 premiers jours du séjour.
Pendant la colo, les animateurs analysent, réfléchissent, se coordonnent chaque soir.
Le directeur intervient peu sur ces étapes. Il est aidant mais ne décide pas : il crée du possible… Comme l’animateur d’ailleurs qui à son tour crée des possibles pour les enfants, les jeunes. La pédagogie se construit en faisant, en s’appuyant sur des outils que les animateurs passent leur temps à régler (l’assemblée, la vie de chambre, le projet d’enfants)…
Nous voyons aussi depuis quelques années de plus en plus d’animateurs qui sont d’anciens colons. Je vois ça comme une volonté de certains ados de prolonger leur engagement, de faire encore, ou de faire autrement, autre chose. Je crois donc que s’engager, c’est faire, faire avec… Le « quoi » importe assez peu.
Ce qui est certain, c’est que sans cette addition d’engagements individuels, rien de tout ça ne serait possible.”
*1 : Un exemple de média créé par des animateurs
*2 : Un exemple d’article créé par des animateurs
Dominique : S’engager, c’est faire grandir l’autre
Dominique est trésorière de l’association et référente des séjours solidaires (elle coordonne cette commission). Elle encadre chaque été ces séjours.
“S’engager c’est s’intéresser à l’autre en lui offrant un peu de soi.
Je me souviens de l’engagement de Maelis envers Mathéo, deux ados, sur un des séjours solidaires au Cambodge, en 2016 :
Mathéo était un jeune garçon de 15 ans. Il disait constamment qu’il ne se sentait pas prêt à mettre en place un projet sportif (qu’il avait pourtant élaboré) en direction des enfants khmers, qu’il était nul, qu’il n’en était pas capable.
Maelis, une jeune du même groupe, touchée par ce qu’éprouvait Mathéo, à souhaité lui redonner confiance : elle l’a accompagné chaque jour dans la préparation de ses activités et a investi l’ensemble du groupe de jeunes à monter une journée festive, en lien avec le projet de Mathéo.
L’activité sportive a eu lieu, Maelis a été présente au côté de Mathéo durant toute l’initiative en le valorisant, l’encourageant dans ce qu’il était en train de mettre en vie.
A sa manière, Maelis s’est engagée, avec et pour Mathéo, de façon désintéressée.”
Laure : S’engager se conjugue au singulier
Laure codirige l’association. Elle est présente aux commissions pédagogiques, financières et sociales. Elle accompagne les équipes d’animation chaque été à Montalivet.
“Pour « s’engager » à Evasoleil, il n’est pas forcément nécessaire d’être un jeune adhérent ou de faire partie de l’équipe d’animation, de permanents, ou du Conseil d’Administration. L’engagement peut durer une minute, l’engagement peut être une simple parole, un simple geste, l’engagement peut arriver au hasard d’une rencontre… Nous pourrions citer des centaines de personnes qui ne sont ni adhérentes, ni membres et dont l’engagement mériterait d’être valorisé…
En voici un : l’engagement d’un prestataire des séjours à Montalivet.
Jean, un éducateur dans l’âme, par sa douceur, sa patience, sa générosité. L’activité pêche à la ligne qu’il propose est affichée au planning de chaque groupe d’âge, chaque semaine. Les enfants et les jeunes qui le souhaitent s’y inscrivent. Pour certains, c’est une prestation comme une autre : le plaisir de l’activité, le joli cadre proposé, la fierté d’attraper un poisson, de le prendre en photo et de le remettre à l’eau… Mais pour un autre enfant, l’activité va prendre un sens différent, peut-être tout simplement parce que Jean aura remarqué chez lui le besoin d’une attention particulière. Jean s’adapte, il prend le temps, il trouve les mots… En réalité, je ne sais pas exactement ce qu’il bricole. Mais, en sortant de la séance, ce que l’on perçoit dans les yeux de tous ces enfants que Jean a « pris à part » nous montre à quel point cet homme aura donné bien plus qu’une séance de pêche…
Il y a tellement d’autres exemples que j’aurai pu prendre, Paulo et Alain les monteurs de Cideing For Change, Laure qui en a fait la musique, Agnès qui se démène pour faire monter un jeune porteur de handicap sur un cheval, Aurélie qui coordonne un énorme projet à nos côtés sans que jamais nous ne nous soyons croisés, Jeremy, notre fidèle chauffeur de car, qui passe son temps à tout faciliter pour les équipes etc.
“L’engagement”, le terme est fort, peut-être tellement qu’il peut faire peur, sous-entendre une implication durable presque contractuelle et un don de soi que l’on est pas prêt à partager. Et pourtant, le nombre incalculable de personnes qui se sont engagées ponctuellement pour Evasoleil, peut-être même sans s’en apercevoir, prouve le contraire. L’engagement, c’est simple quand on ne se pose pas la question et que l’on donne ce que l’on peut, ce que l’on veut, quand on peut, et quand on veut…
Nous ne pouvons que constater qu’Evasoleil est un projet qui suscite beaucoup d’engagements.”
Qu’est ce qui suscite l’engagement à Evasoleil ?
Dominique : S’engager, c’est faire preuve d’empathie
“Sans empathie, il me paraît difficile de s’engager réellement dans un intérêt collectif.
Selon moi, pour s’engager, il faut d’abord se mettre à la place de l’autre, le comprendre (étymologiquement “saisir avec”), pour faire avec lui.
C’est aussi comprendre chez l’autre et chez soi ce qui est souhaité, ce qui est en jeu.
C’est donner une vraie place au bien être, à l’accomplissement de soi.
Souvent, s’engager, c’est vouloir agir sur ce qui semble injuste, à l’encontre de ses conceptions, de ses valeurs.
Mais je crois que l’empathie est aussi un moyen pour que l’autre puisse se sentir bien (être compris) lui permettant donc de s’engager à son tour.
L’empathie et l’émotion sont des carburants à l’envie d’agir dans l’intérêt collectif, à améliorer les conditions de vie de l’autre.
Je crois qu’Evasoleil permet tout ça et suscitant l’empathie, elle encourage l’engagement.”
Sabine : S’engager procure de l’émotion
“Je pense que sans émotion, il ne peut y avoir d’engagement. Cette émotion commence par une rencontre avec l’autre. Le fait de croiser quelqu’un sur son chemin, de faire naître un lien, une relation humaine, procure parfois une émotion qui va créer l’étincelle pour l’engagement avec lui, pour lui, pour nous.
Quand on interroge les jeunes sur ce qu’ils ont préféré de leurs vacances, beaucoup nous répondent “la vie de chambre”. Je pense que la vie de chambre est le principal moteur d’émotions du séjour (avec le principe de référence, de double référence). Durant ce moment, l’animateur permet aux jeunes d’aller chercher au fond d’eux les ressources nécessaires pour créer leur “famille chambre”. Il observe, repère, accompagne les jeunes et partage avec eux un peu de lui-même. Chacun se sert de ce qui le touche émotionnellement pour s’engager dans son séjour, à sa manière, tout en apportant à l’autre ce qu’il est.
Je crois que l’émotion est l’un des ingrédients fondamentaux de l’engagement pour l’autre, le collectif, le bien commun. Et je pense que nos colos multiplient les émotions et donc l’engagement.”
Laure : S’engager c’est contagieux
“Il me semble qu’à Evasoleil, l’engagement est viral… C’est mon cas… Et je pourrais en citer plein d’autres, que ce soient des enfants qui se « passent le relais », des animateurs tellement investis que cela transpire sur les enfants dont ils ont la référence, des enfants devenus stagiaires BAFA puis animateurs engagés…
Personnellement, je suis chaque année confrontée à une « baisse de régime » après l’intensité de l’été. Quelques jours de repos ne suffisent pas à se replonger dans le travail. Chaque année, en septembre, je me sens incapable de repartir une année de plus. Et malgré un rythme plus paisible à l’automne, il faut quand même rendre la comptabilité de l’année, boucler le projet pour l’anniversaire des Droits de l’Enfant, faire le rapport moral pour l’assemblée générale, lancer les séjours etc. L’engagement, c’est épuisant…
Pourtant, chaque année, en janvier, je me retrouve à contacter les 102 CAF pour obtenir leurs conventionnements. Chaque année je me demande comment j’ai trouvé la motivation pour me replonger dans ce dossier que je déteste tant sans rechigner (ou presque).
Depuis peu, j’ai compris où je trouve la force de repartir : l’engagement des autres me porte : voir les membres du CA animés par les nouveaux projets, Sylvain tellement motivé par la qualité de cette nouvelle préparation des équipes, ces conventions à signer pour former des animateurs à devenir directeurs, ces équipes formées d’animateurs qui l’année d’avant étaient inscrits dans le groupe des 16/17 ans ou au séjour solidaire, ces parents qui ré-inscrivent leurs enfants encore cette année…
L’engagement est viral, il se transmet en permanence, au sein des chambres des chalets à Montalivet, dans les bureaux, dans les familles, sur les réseaux sociaux…”
Mathieu : S’engager, une histoire de valeurs
“Je pense que le vivre-ensemble et la démocratie impliquent l’engagement. L’engagement de chacun, reposant sur ses propres valeurs, permet de co-construire la société.
Inviter à s’engager, c’est donner à chacun la valeur de ses valeurs. Les valeurs que chaque individu porte en lui sont des trésors à chérir, des graines à cultiver.
Elles sont les fondations de l’engagement de cet individu.
Je pense que le progrès social ne peut se réaliser qu’avec l’engagement sincère de chacun. Cette vision invite à l’engagement. Sans douter des valeurs. Ne se souciant que de la cohérence entre elles et les actions.
En quelque sorte, je pense qu’une fois les valeurs révélées, l’engagement se développe naturellement. Et je pense qu’Evasoleil est un vivier de valeurs, un lieu où l’on apprend à les confronter, à les mettre en vie.”
Véronique : S’engager, c’est faire d’abord pour les uns, les autres
“Ce qui a animé mon engagement à Evasoleil est justement qu’il n’y avait rien à gagner, tout à construire. Cela fait 10 ans. Au démarrage il était juste question de participer aux départs en vacances d’enfants, puis de préparer les enfants pour qu’ils deviennent des citoyens capables de prendre leurs propres décisions, puis de participer à la réflexion globale de l’éducation visant l’émancipation.
Si le modèle associatif est un outil formidable de notre droit français, il faut être garant qu’il reste dans sa philosophie de départ qui consiste à mettre en commun des connaissances ou des activités pour réaliser un projet collectif dans un but autre que le partage de bénéfices.
Peut-on parler réellement de désintéressement pour autant. Non. L’engagement associatif est avant tout une aventure humaine qui permet à chaque membre de défendre une conviction personnelle, de se prouver qu’il existe d’autres modèles de société, d’autres relations humaines et qu’il est possible d’agir pour que tout le monde s’épanouisse. Je suis persuadée que l’indépendance matérielle et philosophique d’Evasoleil reste l’arme la plus efficace de son autonomie, et permet à ses membres de se concentrer sur le bien-être de tous. Beaucoup d’associations qui ont perdu leur autonomie ont perdu leur âme.
Que je sois enfant, animateur, élu, jeune, partenaire… Ce qui anime le projet d’Evasoleil, c’est “l’ensemble”.”
Sylvain : S’engager c’est avancer ensemble
“Dans nos séjours, chacun est baigné dans un collectif où tout est à faire, à régler. Je crois que le « bain » Evasoleil permet à chacun de s’engager, comme il le souhaite. Les situations, le pouvoir partagé encouragent chacun à participer, à faire.
Dans les colos, les enfants, les jeunes décident des activités. Parmi eux, des volontaires animent les assemblées, d’autres coordonnent les budgets de groupe, d’autres encore construisent les règles du groupe ou définissent l’aménagement du centre etc. Dès la première veillée, des groupes décident d’organiser des repas, des veillées, des jeux… Ce qui n’est pas pris en charge par le groupe n’existera pas. Notre pédagogie du faire-ensemble développe l’engagement.
Ce qui se vit dans nos colos se constate aussi dans les équipes d’animation, et chez tous les acteurs d’Evasoleil, quelles que soient leurs actions.
A l’occasion d’une conversation, d’une préparation d’équipe, d’un bilan formel ou informel, chacun peut proposer, créer des outils, bricoler quelque chose. Ce qui n’est utile pour personne n’est pas fait. Ce qui intéresse, concerne, est pris en charge par celles et ceux qui le souhaitent, parce qu’ils pensent pouvoir le faire, parce qu’ils pensent que c’est important… Mais autant que possible, personne ne décide pour l’autre. L’engagement est donc à la fois le carburant, le sens, la pédagogie, le point de départ et d’arrivée, la source de plaisir, l’outil pour la rencontre, ce qui suscite l’émotion…”
Pour conclure
S’engager, c’est s’aventurer, se lancer pendant quelques heures, quelques jours, une année ou toute une vie pour soi, pour l’autre et pour le collectif…
La rencontre de l’autre, les valeurs que l’on défend, ses propres émotions, le projet collectif, le faire-ensemble, l’empathie permettent l’engagement. L’engagement fait vivre, suscite et touche. Il naît, grandit et se propage.
Et l’engagement favorise l’épanouissement, la réalisation de soi et le vivre-ensemble.
A une période où l’engagement est à la mode dans les projets politiques, nous pensons au contraire qu’il ne peut pas se rechercher méthodologiquement, se calculer.
Lorsqu’on a décidé de co-écrire cet article, nous nous sommes vraiment posé la question : “Mais pourquoi ? Qu’est ce qui fait que tant de personnes s’engagent pour Evasoleil ?”.
Puis nous avons tenté d’y répondre, formulé les hypothèses développées ci-dessus. Mais surtout nous prenons un immense plaisir à l’admirer, en sachant que nous ne pourrons vraiment comprendre ses origines, naissances et raisons innombrables…