Le concept d’éducation populaire, son histoire et son mariage avec l’animation en font un incontournable de notre activité.
Pourtant, beaucoup d’animateurs et de directeurs de séjours ont du mal à concevoir un projet, des activités permettant vraiment de les inscrire dans cette démarche.
Nous allons tenter de donner quelques recettes pour y arriver simplement.
L’éducation populaire, dans l’animation, c’est quoi?
Un entretien entre un enfant et un animateur, sur le sujet de l’éducation populaire.
Un projet pédagogique cohérent
Le directeur et son équipe doivent élaborer un projet pédagogique, qu’ils encadrent un accueil de loisirs ou une colo. C’est parfois un document considéré par les équipes comme administratif, réglementaire, ou conceptuel.
Nous vous proposons de le rédiger autrement :
Le projet pédagogique d’un ACM doit répondre pédagogiquement au projet éducatif de la structure (ville, association, CE, société).
Il faut donc qu’au moins une personne (le directeur) lise ce projet éducatif, et y repère les valeurs, les intentions qui s’y dégagent.
Le directeur doit alors résumer ces valeurs en volontés concrètes, en quelques lignes extrêmement claires, et compréhensibles pour tous.
Exemple : L’association souhaite que les enfants développent leur autonomie pendant leur séjour. Elle souhaite aussi qu’ils découvrent la culture de la région. Enfin, elle souhaite qu’ils soient acteurs de leur séjour.
Pour la suite de notre raisonnement, nous allons garder ces exemples.
Cette étape terminée, passons à la traduction pédagogique (comment faire pour que…).
Le directeur doit alors s’intéresser à son public.
En ALSH, c’est plus facile. En colo, il faut demander à l’organisateur des éléments : Y a t-il des groupes (villes, CE…), des individuels, quel type de public, l’âge etc.
Les questions à se poser et à poser à l’équipe sont alors :
- Comment faire pour que notre public développe une autonomie pendant son séjour?
- Comment faire pour que notre public découvre la culture de la région?
- Comment faire pour que notre public soit acteur de son séjour?
L’objectif est de trouver des idées, des solutions pédagogiques concrètes pour y parvenir.
Ce travail peut très bien être fait avec l’équipe d’animation.
Reprenons notre exemple :
Comment faire pour que notre public développe une autonomie pendant son séjour?
Les enfants ont entre 6 et 8 ans (Pour l’exemple, nous nous arrêtons là en ce qui concerne la connaissance du public. Dans la réalité, il faudra chercher toutes les caractéristiques du public, qui serviront à trouver des démarches pédagogiques sur mesure).
L’équipe peut décider de faire organiser les repas, les douches, par un petit groupe d’enfants, chaque jour différent, qui réflechira l’organisation avec un animateur la veille au soir.
Comment faire pour que notre public découvre la culture de la région?
L’équipe peut décider de monter, en début de séjour un grand jeu, dont l’objectif serait que les enfants réalisent un petit documentaire sur ce qu’il y a à découvrir aux alentours du centre de vacances.
Chaque groupe aurait pour mission de rapporter aux autres enfants des images des témoignages d’autochtones sur le potentiel régional.
Enfin, le groupe pourrait ensuite voter sur 2 ou 3 propositions de visites que l’équipe organiserait pendant le séjour.
Comment faire pour que notre public soit acteur de son séjour?
L’équipe pourrait proposer que des temps de la vie quotidienne soient animés par les enfants eux-mêmes.
Un conseil d’enfants pourrait être mis en place pour que les enfants proposent eux-mêmes des activités à programmer pendant le temps calme, à la plage, ou en veillée. Une réunion du conseil se tiendrait chaque jour avec les volontaires du groupe et le directeur. Les enfants échangent, partagent, et construisent ensemble.
Notre projet prend forme. Le séjour aussi.
Si l’équipe d’animation est partie prenante, alors elle le fera vivre sans difficulté.
Une place, un rôle réfléchis de l’animateur
Pourquoi est-il là ? Quelles vont être ses fonctions ? Pendant les douches, pendant le repas, pendant le grand jeu etc ?
C’est un sujet important à débattre dans l’équipe. Une fois le projet dessiné, il faut que chacun y trouve sa place.
Quelque soit la méthode employée, on doit parler vrai, concret.
Il faut éviter le fameux “L’animateur devra accompagner les enfants vers l’autonomie” pour favoriser un rôle plus clair comme “L’animateur qui est en charge de coordonner le groupe d’organisateurs des douches et repas devra les rassembler la veille au soir pour leur demander de nouvelles idées concernant ces temps de vie quotidienne. Puis il aidera le groupe à répartir les missions entre les enfants pour que le groupe réussisse ce qu’il souhaite expérimenter.”
Le directeur, quant à lui, prendra éventuellement en charge l’organisation générale pour que tout roule (tableau de répartition etc)!
Et l’éduc pop alors ?
C’est le rôle du directeur d’en parler, assez tôt dans la préparation. Il sera souvent obligé de reposer quelques notions pour que tout le monde comprenne les enjeux. Sous forme d’un débat par exemple, il faut aussi traduire le concept en actions concrètes.
Dans notre exemple, il serait peut-être bénéfique pour les enfants organisateurs des repas, et des douches de pouvoir rencontrer des experts dans le domaine. Le médecin local, un représentant d’une association, la nutritionniste, le cuisinier, peuvent peut-être intervenir. Des vidéos disponibles sur internet sur les sujets existent peut-être. Des revues, ou dvd dorment peut-être dans les réserves de l’organisateur?
L’idée est d’apporter de la connaissance par exemple sur l’équilibre d’un repas, sur le temps de digestion, sur l’hygiène corporelle… Et de faire s’approprier ces nouvelles connaissances en les faisant diffuser par les enfants eux-mêmes (une affiche, une intervention théâtrale, une BD, un journal, une publicité…), comme ils le souhaitent et s’ils le souhaitent.
Cela peut-être aussi de rendre accessibles aux enfants certaines informations sur la culture locale, en proposant des visites, des rencontres, des ateliers qui permettront aux enfants de participer à l’environnement local (proposer aux enfants de participer à la vie du marché local, de faire un reportage sur les artificiers du 14 juillet, de rencontrer le personnel de l’office du tourisme etc).
Enfin, c’est peut-être l’occasion pour les enfants d’apprendre à faire des consensus durant les conseils, à se poser des questions sur les richesses des uns des autres pour favoriser l’entraide, l’échange de savoirs, et de savoir-faire.
Et en accueil de loisirs alors…?
C’est plus simple ! L’environnement, les familles, le diagnostic, les ressources locales, les associations, les partenaires sont mieux connus et plus disponibles (parents, commerçants, associations, professeurs…). Le temps de préparation entre deux interventions existe et doit être utilisé au mieux, non pas pour planifier mais pour réfléchir.
Pour conclure
L’animateur peut participer à l’éducation populaire. Il peut choisir d’en être un acteur principal.
Animer de cette façon est très valorisant, assez facile, très agréable pour les enfants et les jeunes, et très apprécié des familles.
La méthode est simple et accessible à tous.
Même si le travail d’équipe est plus efficace, travailler en cavalier seul avec cette méthode est possible dans une équipe.
Parfois, les discussions sont stériles et il est plus simple de faire et de convaincre sur le terrain.
Chaque acteur, chaque directeur d’ACM, chaque animateur peut être un formidable éducateur pour les enfants.
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