L’état méprise les statistiques existantes et par conséquent il ne reconnait pas le phénomène et ne lutte pas contre la prostitution des mineurs.
Pour se faire une idée du problème
Définition : « L’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales peut prendre différentes formes comprenant la prostitution enfantine, l’exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme, la traite des enfants à des fins sexuelles et la pornographie mettant en scène des enfants. » Source : ECPAT
“Entre 5000 et 8000” dit l’association ACPE
“Entre 3000 et 8000” Diffusé sur le site de Jean-Charles Champagnat www.droitsenfant.fr
L’ECPAT accuse : “Selon les associations, ceux-ci seraient entre 6 000 et 10 000 filles et garçons. Les pouvoirs publics en minimisent bien souvent l’importance, mais les acteurs de terrain constatent au quotidien la réalité d’une telle exploitation et de l’augmentation du nombre d’enfants victimes.”
“Une douzaine” dans la région parisienne selon la Préfecture de Police d’après le rapport de l’ONU.
De la prostitution « visible » à « invisible* » difficile à recenser, les chiffres sont contradictoires, mais la prostitution chez les mineurs est belle et bien existante comme en témoignent de nombreuses associations investies dans la lutte contre la prostitution et contre le SIDA, mais également de travailleurs sociaux, professionnels de santé, l’ASE, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, Brigade de Protection des Mineurs…
*(maisons closes, internet, ou encore en contrepartie d’un hébergement, d’un repas etc.)
Pour lutter contre un phénomène, encore faut-il admettre qu’il existe…
Un rapport datant de 2003 du Cabinet Anthropos commandité par le Ministère de la Justice a été réalisé sur la prostitution des mineurs à Paris.
Une enquête qui met en évidence les difficultés liées au recensement expliquées ci-dessus ainsi que de nombreux dysfonctionnements : “Une politique ciblée d’abandon voire de sanction de certains jeunes étrangers, selon leur origine, pourra faire apparaître, du point de vue du mineur, l’appareil d’État français comme ne pouvant offrir ni recours ni secours face aux réseaux de traite et de proxénétisme.”
Des recommandations du rapport nous font comprendre l’inexistence actuelle d’appareils permettant de lutter contre ce phénomène : “Une réelle prise en compte et l’invention de prises en charges adaptées, nécessiteront des efforts lourds, tant en terme de dispositifs à construire, que de mentalités à faire évoluer. Fondamentalement, seuls des choix politiques clairs pourront garantir l’engagement de la France pour une lutte conséquente contre la prostitution des mineurs, et la mise en œuvre des mesures et moyens nécessaires pour intervenir efficacement auprès des jeunes personnes concernées, sans discrimination d’origine.”
C’est aussi ce que confirme le rapport du Docteur Najat Maalla M’jid dressé en 2012 pour les Nations Unies : “Aucun des services rencontrés n’a été en mesure de fournir des données officielles ventilées selon le sexe, le profil, l’âge et le statut des victimes et sur les auteurs appréhendés et jugés, permettant d’avoir une vue globale du phénomène. Selon de nombreux acteurs rencontrés, la prostitution des enfants en France affecte principalement des mineurs étrangers (isolés ou non) issus en grande partie d’Europe de l’Est ou d’Afrique subsaharienne, parfois victimes de réseaux de traite. Ce phénomène peut également concerner, de manière plus confinée, des mineurs non accompagnés ou ayant fugué (de leur foyer ou de centres d’accueil) utilisant la prostitution comme moyen de subsistance.”
Ce rapport précise également que “Les chiffres fournis par les services de police parisiens contrastent fortement avec les estimations apportées par les associations…”
Soutenir des associations qui agissent au quotidien
L’APCE présente ses missions : “Un combat mondial, mais aussi national. Si le tourisme sexuel est sérieusement pris en compte dans les politiques publiques, l’ACPE lutte cependant contre une nouvelle loi du silence : la prostitution de mineurs en France. Pour l’ACPE, c’en est trop : il est temps d’agir, pour en finir ! Notre association a élargi ses activités en combattant également la pédocriminalité et la pédopornographie.”
L’Ecpat France, une ONG membre d’un réseau mondial qui “lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales.”
Pour aller plus loin
Les deux études menées sur le sujet :
Etude pour les Nations Unies menée par Naajat Maalla M’Jid en 2012
La prostitution de mineurs à Paris : Données, acteurs et dispositifs existants du Cabinet Anthropos réalisé pour le Ministère de la Justice (qui ne reconnait pas l’enquête).
Actes d’un colloque rendu public par l’APCE après l’écriture de cet article, du mouvement de la part de nos institutions ?
Les nombreuses ressources de l’APCE (ACPE Kit Pedagogique, numéro spécial “Mon quotidien” etc.)