Le malaise des ados


Près de la moitié des ados français est en état de « souffrance psychologique »  (pouvant conduire à la consommation de drogues, aux tentatives de suicides…).

 

Quelques chiffres pour mieux cerner le phénomène

D’après l’UNICEF, qui a mené une consultation nationale en 2014 sur un échantillon de 11232 enfants et adolescents, 41% d’ados se déclarent « tristes » ou « cafardeux », 28% déclarent avoir déjà pensé au suicide.
Les causes sont multiples : Peur de l’échec scolaire (45%), harcèlement à l’école (34.3%), harcèlement sur les réseaux sociaux, relations difficiles avec un parent (4 ados sur 10)… (Source de l’observatoire national du suicide)

A partir de cette proportion d’enfants et adolescents disant se sentir « tristes ou cafardeux », près de 26% disent traverser des phases d’apathie, et 30% perdre confiance en eux.

28% ont déjà pensé au suicide (11% déclarent avoir déjà tenté), 41% des plus de 15 ans disent consommer de l’alcool et avoir déjà été en état d’ivresse, et près de 32% avoir déjà consommé de la drogue ou fumer du cannabis.

4 enfants ou adolescents sur 10 disent avoir des relations parfois tendues avec au moins l’un de leurs parents (ce chiffre augmente en cas de famille monoparentale). 15% des enfants (essentiellement les filles) déclarent ne pas pouvoir compter sur l’un de leurs parents.

L’Enquête sur la santé et les consommations (1) lors de l’appel de préparation à la défense (Escapad), conduite par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), montre qu’en 2011, 2,2 % des 27 400 adolescents interrogés ont déclaré avoir fait au moins une TS au cours de la vie nécessitant un recours à l’hôpital et parmi eux un adolescent sur quatre a indiqué avoir fait plus d’une TS. Ces TS sont trois fois plus fréquentes parmi les filles (3,2 % contre 1,1 % parmi les garçons). L’âge moyen de la première tentative est 14,4 ans.

Un problème connu qui ne trouve pourtant pas sa solution

L’UNICEF déclare en 2009 (2) : “Un enfant en souffrance doit parfois attendre des mois avant d’obtenir un rendez-vous chez un pédopsychiatre. Il faudrait permettre un accès plus rapide aux centres médico-psychologiques, combler les besoins en lits d’hospitalisation en pédopsychiatrie, sensibiliser, informer et accompagner les parents dans le repérage des signes de mal-être de leur enfant. Depuis 2004, les Maisons des adolescents accueillent, écoutent, informent, et parfois soignent les 12/19 ans en souffrance. Néanmoins, il n’y en a qu’une quinzaine en France.”

Dans son « plaidoyer pour une véritable prise en charge » qui traite des adolescents en souffrance,  l’ex Défenseure des enfants, Dominique Versini, disait en 2008 qu’elle rencontrait plusieurs situations qui “concernaient des adolescents qui s’étaient heurtés à ce qu’ils avaient ressenti comme des impasses, des portes closes et une incompréhension de la société à leur égard.
Les difficultés rencontrées par de nombreuses personnes ou institutions proches des adolescents pour discerner et prendre en compte leur souffrance psychique étaient alors apparues.
Ce constat a trouvé un écho dans le chiffre élevé des suicides d’adolescents et de jeunes adultes et dans l’observation des multiples formes d’expression de cette souffrance.”

Peu de changements donc d’après ces deux rapports UNICEF en 2014 et Droits de l’Enfant en 2008…

Pour aller plus loin…

Adolescents en France : le grand Malaise, Rapport de l’UNICEF
La dépression de l’adolescent comment repérer et prendre en charge de la Haute autorité de Santé
Le plaidoyer pour une véritable prise en charge de l’ex défenseure des Droits Dominique Versini