Pourquoi la prévention est un acte politique ?
Lorsqu’on parle de prévention, on pense souvent à des sujets tels que les risques liés à l’environnement ou à la santé mais aussi à des sujets plus complexes (la sexualité, les addictions, les mises en danger… ) voire porteurs d’une idée de société (l’égalité homme-femme, les discriminations, le harcèlement, l’écologie…).
Dans l’introduction de ce dossier consacré au bien être, nous avons rappelé que l’une des missions de l’animateur d’après le référentiel BAFA est une mission de « prévention aux risques liés aux conduites addictives ou aux comportements, notamment ceux liés à la sexualité ». Malgré que cette mission y figure nous constatons que certains sujets sont plus faciles à aborder que d’autres.
Mener des actions de prévention c’est aussi une mission de santé publique et un acte politique au sens où elle participe à une direction que l’on souhaite donner à notre société.
Ainsi les organisateurs de séjours se doivent de s’assurer que leurs équipes d’animation sont à minima préparées à accueillir des sujets tels que les comportements à risque, les questionnements liés à la sexualité, le harcèlement, les discriminations ou encore les addictions.
Il ne s’agit bien entendu pas pour les animateur.ices d’être des spécialistes de ces sujets mais d’être conscients de leur existence et surtout d’être conscients de leur rôle éducatif d’accompagnants, d’écoutants, de médiateurs, de repères pour les enfants et jeunes sous leur responsabilité.
Être animateur.ice c’est plus grand qu’on ne veut parfois le croire. Ce n’est pas seulement animer une vie de groupe, poser des règles sécurisantes, cohérentes et s’assurer que tout le monde trouve sa place le temps du séjour. C’est aussi se frotter à des sujets sensibles, qui peuvent parfois nous mettre mal à l’aise, sur lesquels nous sommes nous-même incertains ou en construction.
Nous n’oublions pas que nous construisons aussi continuellement notre propre rapport au monde, à soi, à l’autre et que les animateur.ices sont souvent de jeunes adultes.
Par ailleurs, ce travail doit nécessairement être soutenu et accompagné par le reste de l’équipe d’animation et par la direction. La prévention n’est pas une mission solitaire, c’est l’œuvre d’un collectif.
Assumer sa politique de prévention en colo
Au-delà de la prévention obligatoire et nécessaire pour des questions de santé ou d’intérêt général (voir « la prévention liée à l’environnement du séjour »), la prévention est donc bien une affaire politique.
En effet les sujets que les directeur.ices et les animateur.ices choisissent de porter, de soutenir, de parler auprès des jeunes sont tout sauf anodins. On porte nécessairement une certaine idée de société lorsqu’on fait de la prévention.
Il ne s’agit pas de situer dans une approche dogmatique mais d’ouvrir un espace de débat, d’échange et de planter quelques graines. Certains jeunes auront l’impression de ne rien apprendre de nouveau, pour d’autres ce sera trop tôt, pour d’autres encore cela ne fera écho à rien mais pour quelques-uns, cela aura un petit effet.
Ces sujets il est possible de les choisir en fonction des jeunes accueillis, des sensibilités déjà présentes dans l’équipe d’animation ou en réaction au contexte, aux évènement du séjour. Ce qui compte c’est de penser à ces sujets et de réfléchir au préalable, et en équipe, à comment les aborder.
Etant donné son caractère d’ « utilité publique », il existe une infinité de supports pour aborder la prévention en colo : des dépliants, des affiches, des livres, des sites internet, des applis, des jeux de société, jeux vidéos, des grands jeux, des chansons, des films etc.
En 2023, chez Evasoleil, la politique prévention sera portée par les équipes d’animation, à l’initiative de l’anim bien-être. Plutôt que de vouloir couvrir tous les sujets de manière superficielle, nous comptons sur la sensibilité des jeunes adultes qui entoureront les enfants et jeunes pour porter les sujets qui leur tiennent à cœur.
Sans compter que l’anim a souvent une place différente des adultes qui entourent l’enfant (profs, enseignants, parents…), qui de mieux qu’une personne sensible à un sujet pour sensibiliser les autres ?