Le bien-être des enfants passe par celui des équipes d’animation
Le care, évoqué dans les questions des soins essentiels à apporter aux enfants, est indispensable pour des enfants dont l’autonomie est en cours d’acquisition mais encore dépendants de l’adulte. L’anim, qui incarne ce rôle, est quant à lui autonome pour soigner sa propre vie, mais il a parfois tendance à oublier ses propres besoins. Prendre soin d’un groupe d’enfants apporte son lot de stress et de fatigue… Ce constat souligne l’importance du bien-être des enfants et des équipes d’animation.
Prendre soin de soi
Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres… Cela tombe naturellement sous le sens, et pourtant, dans le feu de l’action, les anims se sentent souvent dépassés par leurs missions quotidiennes, ce qui alimente un sentiment constant de manquer de temps et conduit certains à ne plus dormir suffisamment, à ne plus s’alimenter correctement, voire à ne pas prendre leurs congés parce que « j’fais juste un petit truc que j’ai promis à Enzo ». Le rythme d’une colo est intense, mais cela ne signifie pas qu’il faut aller jusqu’à l’épuisement.
*Ce sont les termes les plus utilisés par les anims ayant répondu au questionnaire. Ce sentiment a aussi souvent été évoqué lors du bilan. De manière générale, les anims disposent de temps dans la journée. Nos réflexions nous ont mené à penser qu’il pouvait s’agir d’un problème d’organisation et de priorité : parfois, surtout en état de fatigue, le projet passe avant l’enfant, l’humain. Cette enquête est à l’origine de ce dossier qui resitue le bien-être au cœur du projet.
C’est illusoire d’imaginer prendre soin des autres correctement sans s’occuper de ses propres besoins. Il est donc indispensable de prendre conscience de ses besoins et de ses limites, d’apprendre à s’économiser, de faire preuve d’auto-empathie et de savoir demander de l’aide.
Prendre soin de moi
Nous sommes finalement interdépendants au sein de l’équipe : je prends soin d’eux, ils prennent soin de moi… Une équipe dont les membres se soutiennent, s’écoutent, s’entraident et sont attentifs constitue une équipe qui a tout pour se faire confiance et être en réussite.
Dans l’équipe, il y a les collègues – les autres anims du groupe – mais aussi les membres de la direction. Il existe autant d’équipes de direction que de façons de diriger, mais à Evasoleil, il est indispensable que les membres directeurs gardent toujours à l’esprit l’importance de prendre soin de son équipe. Chaque directeur ou directrice est aidant.e, accompagne, conseille et soutient. Martine est encore arrivée au cours de surf 30 minutes en retard ? On aide à trouver les causes, les solutions, on calme le jeu avec le prestataire, et on discute avec Martine 😊
Nécessairement, l’équipe de direction doit elle-même prendre soin de ses membres et d’eux-mêmes ! Au sein du séjour, ils représentent les derniers maillons de la chaîne. À Evasoleil, ils sont soutenus par une équipe de permanents et d’élus qui allège leurs missions, les aide à prendre de la hauteur, et les empêche de se laisser submerger par la fatigue et les sentiments d’échec, avec tous les dommages collatéraux que cela implique.
Lorsque nous nous appliquons sincèrement à prendre soin de nous-mêmes et des autres – qu’il s’agisse des enfants, des jeunes, des collègues, des bénévoles, du personnel technique, des moniteurs de pêche, des cuisinier.es, etc. – nous créons un climat de bien-être dans le séjour. C’est un cercle vertueux, un véritable bain pédagogique : les personnes dont on prend soin prennent soin à leur tour. « Vos jeunes… ils sont faciles », disent certains intervenants…
Le directeur doit se porter garant du bien-être de tous
Puisque le bien-être est essentiel pour la réussite des séjours des enfants et des jeunes, le 1er garant doit être le directeur ou la directrice, le « dernier maillon » de la chaîne et le référent bien-être numéro 1.
Par conséquent, il ou elle veille également au bien-être de son équipe – qu’il s’agisse des membres de l’équipe de direction ou des anims. Une équipe rencontre inévitablement des difficultés, peut faire des erreurs ou se retrouver en déséquilibre. Ainsi, le directeur ou la directrice doit en faire sa priorité, car une maladie dans une équipe se répercute très rapidement sur le groupe d’enfants.
L’équipe de direction doit donc être un soutien et les anims doivent impérativement ressentir leur présence comme un filet de sécurité, une aide permanente. Il est important, même dans la fatigue, de comprendre les origines des problèmes et d’aider l’équipe à trouver des solutions. Les expériences des uns et des autres conduisent parfois à instaurer une défiance entre direction et anims. Il est donc essentiel de déconstruire ce stéréotype de la “méchante hiérarchie” le plus rapidement possible. Pour faire ses preuves, il ne s’agit pas de briller par le savoir ou l’expérience, mais de se montrer exemplaire en aidant, en accompagnant et en mettant les mains dans le cambouis – sans jamais prendre la place de l’équipe.
À l’inverse, une équipe équilibrée, rassurée, en confiance et bien accompagnée sera un véritable atout pour le bien-être du groupe, et donc de chaque individu. Prendre soin pour apprendre à prendre soin.
Enfin, le directeur ou la directrice doit veiller à la bonne application de ce pilier bien-être auprès des enfants et des jeunes, qui, puisqu’ils sont le point de départ de cet article, peuvent parfois échapper à l’équipe focalisée sur la démocratie ou le vivre-ensemble. C’est lui ou elle qui garde le cap !