Animation et Droits de l’Enfant : tout est lié

De quoi on parle ?

Quand on parle de Droits de l’Enfant, on évoque généralement un texte qui les structure et les protège : la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Ce texte fait partie du droit international et a été ratifié par 196 pays dans le monde. Il garantit aux enfants une enfance digne et épanouie, et ce quel que soit le pays où les enfants se trouvent. Ce texte n’est ni une utopie ni un idéal à atteindre, c’est un texte contraignant juridiquement qui exige des états l’ayant ratifié de faire respecter les droits fondamentaux des enfants dans leur pays et de tout mettre en œuvre pour améliorer leur condition.

Pourtant, malgré l’article 42 de la CIDE qui précise que les états doivent faire diffuser et informer sur les Droits des Enfants, ce texte est très largement méconnu des enfants mais également des adultes. En effet, c’est seulement entre 32 et 58% des adultes et 1 jeune de 15 à 18 ans sur 10 qui ont déjà entendu parler de la CIDE en France. C’est d’autant plus problématique que les Droits des Enfants sont encore loin d’être entièrement respectés dans les pays qui ont ratifiés la charte, y compris en France.

Mais les Droits de l’Enfant ce n’est pas seulement le sujet de l’ONU et des nations, c’est surtout le sujet de tous ; des enfants eux-mêmes, des familles, des élus, des associations, des professeurs, des travailleurs sociaux, des directeurs de structures et bien entendu, on y vient : des animateurs.

En quoi l’animation est-elle liée aux droits de l’enfant ?

 

groupe d'enfant en cercle qui discute à l'agora

En premier lieu, et bien que cela semble évident : parce que les acteurs de l’animation travaillent auprès d’enfants.

Cela implique beaucoup plus qu’on ne le pense. Car les droits de l’enfant ce n’est pas seulement le droit à une identité, à des liens familiaux, à l’éducation, à un toit ou à l’accès aux soins… c’est aussi un certain nombre de droits en lien direct avec le quotidien en centre de loisir, en colo, en centre social

Quelques exemples :

  • Article 2 : Un enfant a le droit à l’égalité de traitement et d’être protégé contre les discriminations
  • Article 12 : Un enfant a le droit de donner son opinion sur toute question qui le concerne et d’être entendu
  • Article 13 : Un enfant a le droit d’exprimer son avis, ses idées, d’obtenir des informations et d’en transmettre
  • Article 16 : Un enfant a le droit d’être protégé contre les atteintes à sa vie privée
  • Article 19 : Un enfant a le droit d’être protégé contre toutes formes de mauvais traitements
  • Article 23 : Un enfant en situation de handicap a le droit à une éducation et des soins appropriés pour vivre dans la dignité avec le plus haut degré d’autonomie et d’intégration sociale possible

Et certainement l’article le plus à propos :

  • Article 31 : Un enfant a le droit aux loisirs, au jeu et à la participation à des activités culturelles et artistiques

 

Il est fort à parier que la lecture de ces articles parlera aux lecteurs qui sont animateurs et qui peuvent reconnaître ces notions dans leur quotidien professionnel ou bénévole. Il est également fort à parier que ces animateurs défendent déjà, peut être sans le savoir, tout ou partie de ces droits dans leur pratique.

 

un enfant s'adresse en souriant à un adulte

Ainsi sensibiliser des adolescents à la vie affective et sexuelle, lors d’un jeu ou au détour d’une conversation, c’est faire respecter l’article 24. Mettre en place une médiation lorsque l’un des enfants est mis à l’écart en raison de sa religion c’est respecter l’article 14. Animer un débat sur l’égalité homme-femme, c’est participer à faire respecter l’article 2.

Les animateurs ne nous ont pas attendus pour défendre les droits des enfants dans leur pratique. Mais il est dommage que cette pratique quotidienne, cette accumulation d’expériences, ces droits défendus ne soient pas plus souvent connectés aux textes qui les énoncent.

 

Car si nombre de droits sont respectés et défendus, il existe beaucoup de situations dans lesquelles ce n’est pas le cas.

Autant de situations qui existent, persistent et qui, souvent, ne sont pas considérées comme des infractions aux Droits de l’Enfant. En prendre conscience, ce n’est pas seulement une nécessité pour répondre à la CIDE, mais aussi un outil formidable pour pointer ce qui ne va pas et le faire évoluer.

 

En tant qu’animateurs, qu’éducateurs et éducatrices au contact d’enfants nous avons un rôle à jouer. Animer les droits de l’enfant, c’est un acte militant pour faire évoluer la situation vers des droits de l’enfant qui soient respectés à l’échelle nationale. Et à une échelle plus modeste, parler des droits de l’enfant, c’est faire prendre conscience à certaines personnes de votre public que la situation dans laquelle elles se trouvent n’est pas normale, ni acceptable, et ce même devant la loi.

Animer les Droits de l’Enfant : les préjugés qui empêchent de se lancer

Respecter les droits de l’enfant dans sa pratique c’est bien mais on peut aller encore plus loin en travaillant à les diffuser, à faire connaître aux familles et aux enfants leurs droits, à leur permettre de se les approprier voire de les défendre. C’est ce qu’on entend par « Animer les Droits de l’Enfant ».

 

Pourtant, les animateurs rechignent souvent à s’approprier le sujet, jugé trop rébarbatif ou compliqué. On trouve d’ailleurs peu de ressources sur le sujet, là où les sites regorgent d’activités toutes faites sur Harry Potter, les pirates ou les animaux de la ferme… La plupart des outils en ligne ont été développé par des professeurs et adaptés au cadre de la classe. Et lorsqu’on s’intéresse au sujet, cherchant des idées pour construire une animation ou un projet, cela peut être décourageant de ne tomber que sur un énième « jeu de l’oie spécial Droits de l’Enfant pour classe de CM2 ».

« Le Droit, c’est trop compliqué »

Le mot “Droit” peut effrayer. C’est que ce mot est souvent associé aux « devoirs » et donc aux inévitables règles de vies. Ce qui peut en faire un sujet rébarbatif par excellence. Surtout s’il ne s’agit que d’une suite d’interdictions fixées à l’avance par les adultes et que les enfants sont contraints de respecter, voire de signer (comme s’ils avaient le choix). Car si les droits existent, les « devoirs » ne sont que pure fiction. Il est effectivement interdit de faire du mal à l’autre mais ce n’est pas respecter une interdiction que de s’en abstenir : c’est respecter le droit de l’autre d’être protégé de la violence.

Ainsi, construire les règles de vie se fait au service d’un apprentissage citoyen et du respect de l’autre. Sous cet angle, le temps de construction des règles de vie peut devenir un formidable outil pédagogique au service du vivre ensemble. On approche alors le droit par une porte beaucoup plus concrète.

Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de devenir juriste pour aborder ce sujet. Quelques recherches sur l’histoire de la CIDE et son contenu sont amplement suffisants pour amener aux enfants la question. Nous avons d’ailleurs proposés plus bas des ressources qui pourront aider les animateurs qui ne savent pas par où commencer.

« C’est un sujet trop ennuyeux, ça ne va pas marcher »

Comme abordé plus haut, les Droits de l’Enfant sont connectés à une multitude de situations que les enfants traversent et que les animateurs accompagnent de leur mieux. Bien entendu, la lecture d’un texte de droit n’est pas ce qu’il y a de plus passionnant, pour les adultes comme pour les enfants. Tout le monde a besoin de tangible, d’émotions, de sens, de s’identifier, de se projeter pour s’intéresser.

Mais qui a dit qu’il fallait aborder la CIDE comme un cours ou un atelier de sensibilisation ?

Cette richesse de situations individuelles devrait au contraire nous amener à considérer les Droits de l’Enfant comme un formidable terrain de jeu pédagogique. Égalité homme-femme, harcèlement, réseaux sociaux et vie privée, école et avenir, handicap, différences et discriminations, inégalités sociales… autant de thématiques qui peuvent être abordées avec les enfants au gré de leurs questionnements tout en les reliant avec leurs droits, grâce à ces droits.

Tout animateur qui a déjà participé avec des enfants à un débat spontané le sait : les enfants ont soif de comprendre, de se faire leur idée, d’apprendre, de donner son avis. Le sujet n’est donc pas ennuyeux, c’est la démarche pédagogique qui peut l’être.

Peut-être faut-il prendre le problème à l’envers : ne pas voir les Droits de l’Enfant comme une contrainte, un devoir civique mais comme un formidable outil d’animation. Il faut y voir des occasions de prendre de la hauteur avec les enfants, parler de sujets de fonds, de s’échapper un temps pour produire ensemble du sens. Prendre ensemble conscience d’une inégalité, d’une injustice permet de faire naître un groupe plus solidaire, plus empathique. Un enfant conscient de ses droits mais aussi de ceux des autres s’affirme comme un sujet politique. Les enfants se sentent alors concernés par ce qui leur arrive, par ce qui les entoure, par la société et ce qui s’y passe.

 

Assemblée dans le groupe des 6-10 ans à evasoleil

 

Nous ne sommes plus dans la transmission d’un savoir (la CIDE, ses articles, son histoire) mais dans la mise en mot d’une expérience et dans la construction collective d’un savoir (« j’observe une inégalité, ce n’est pas normal, cet autre ne devrait pas avoir à vivre ça. D’ailleurs tel article de la CIDE le dit »). Il s’agit alors de chercher des moyens d’animer cette intention et nous voilà dans l’animation véritable, dans l’éducation populaire.

 

 

C’est tout le sel de l’animation : comment je rends ça intéressant ? Comment je mets ça en vie ? Comment j’anime ? Tout simplement.

Et maintenant ? Comment je me lance ?

Il n’y a pas de méthodes toutes faites : un journal rédigé par les enfants ; une exposition de peinture où chaque enfant a choisi un droit à représenter ; un conseil de jeunes hebdomadaires ; une action solidaire choisie et menée par un groupe d’ados ; permettre aux enfants de participer à la prochaine consultation nationale des 6-18 ans de l’UNICEF. Toutes ces idées sont possibles.

 

Que le projet commence petit ou soit tout de suite très ambitieux, nous pensons que ce qui compte c’est de se ménager : ouvrir des portes plutôt que de construire un mur devant soi. D’abord regarder autour : quels sont les moyens humains et matériels ? Quelles sont les contraintes ? Et surtout : quelles sont les envies ? Les nôtres et celle de ceux qui nous accompagnent (enfants comme adultes). Se lancer sur un projet auquel on ne croit pas ou qui ne nous plaît pas, c’est le meilleur moyen de se planter avant même d’avoir commencé. Il faut y mettre du sens, en être collectivement convaincu et se diriger avec cette boussole.

 

 

Attention aussi au risque d’instrumentalisation des enfants ; C’est une pente plus glissante qu’on ne le croit. Si on demande à chaque enfant de dessiner un droit en lui indiquant lequel et comment, puis qu’on affiche tous ces beaux dessins, on émeut certainement quelques secondes les adultes qui poseront leur regard dessus mais a-t-on vraiment respecté le droit des enfants à être informé sur les sujets qui les concernent ? Le droit à la participation ? Ne rentre-on pas dans de l’instrumentalisation voire de la manipulation ? La démarche est souvent plus importante et significative que la réalisation.

 

 

 

 

Maintenant ce qui compte c’est surtout de se lancer, de se questionner en équipe et seul sur ce qu’on met en place, d’impliquer autant que possible les enfants, de se faire plaisir en le faisant ! Quoi qu’il arrive, il n’y a pas mieux que le terrain pour apprendre, tester, échouer, recommencer, faire des trucs cools, et surtout agir auprès et avec des jeunes.

écrit par Théodore et Antoine en novembre 2024

Ressources pour aller plus loin :

Se former Rapidement aux Droits de l’Enfant

La CIDE et son Histoire expliquée rapidement (Éducation Action)

La version simplifiée de la CIDE

Pour approfondir

Le texte complet de la CIDE

Approfondir le fonctionnement et l’Histoire de la CIDE (Amnesty International)

Un module de l’UNICEF pour se former à la CIDE

Un dossier complet sur la situation des Droits de l’Enfant en France en 2017 (Evasoleil)

La situation en chiffres des Droits de l’Enfant en France en 2024 (Evasoleil)

Quelques exemples de projets

CIDEing for change 2016 … et la vidéo produite par les jeunes (Evasoleil

La colo, enjeu de Société : défendre l’accès aux vacances pour tous les enfants et la mixité sociale dans les colos (Evasoleil)

Une animatrice Droits de l’Enfant sur une colo : ça donne quoi ? (Evasoleil)

Quelques ressources pour animer les Droits de l’Enfant

Comment animer les Droits de l’Enfant auprès d’un public Enfant ? (Evasoleil)

Recommandations pour inclure les droits de l’enfant dans l’animation socio-culturelle enfance et jeunesse suisse

Evasoleil a mené un temps de formation à Garges-lès-Gonesse (95) auprès des équipes d’animation du service Enfance. Nous avons créé ce fichier à cette occasion : Télécharger le dossier.

Livret téléchargeable “Tous les Enfants ont des droits” (Bayard)

Vidéo “comprendre les Droits de l’Enfant avec Nota Bene” (Amnesty International)

Les droits en image (UNICEF)

Participer à la consultation nationale des 6-18 ans d’UNICEF

 

Droits de l’Enfant en France : On en est où en 2024 ?

Les « Droits de l’Enfant », c’est quoi ?

Chaque être humain, précisément parce qu’il est humain, dispose d’un socle de droits et de libertés fondamentaux inscrits dans des textes nationaux (depuis 1789 en France) et internationaux (depuis 1948 avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme). Ces textes fondamentaux ont ensuite été déclinés d’autres textes plus concrets qui précisent la manière dont ils doivent être appliqués. Les états ont l’obligation de respecter et de mettre en œuvre ces droits et libertés.

Mais ces libertés et droits auxquelles nous nous sommes habitués n’ont rien de naturels, d’indestructibles ou d’éternels. Ce qui n’a pas toujours été ne sera pas nécessairement là demain. Si on considère ces droits importants, il faut tout faire pour les préserver. Ce n’est par exemple qu’en 1978 que la convention des Nations Unies exige enfin que les Droits de l’Homme s’appliquent intégralement aux femmes. Il en est de même pour les enfants qui ont dû attendre 1989 pour que la communauté internationale leur reconnaisse une vulnérabilité particulière, nécessitant donc une protection particulière.

C’est ainsi qu’est née la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant le 20 novembre 1989 (qu’on appellera affectueusement « CIDE » dans la suite de cet article). Ce texte est fondamental en ce qu’il fait passer l’enfant d’objet à sujet de droit. Il reconnaît son rôle politique, social, civique et consacre pleinement l’idée que l’enfant est un citoyen actif d’aujourd’hui et non seulement un« citoyen de demain ». C’est actuellement le texte international le plus ratifié du monde. Il ne manque à l’appel que les États-Unis. Ce texte n’est ni une utopie nie un idéal à atteindre, c’est un texte contraignant juridiquement qui exige des états l’ayant ratifié de le faire respecter dans leur pays et de mettre tout en œuvre pour améliorer la condition des enfants et le respect de leurs droits fondamentaux.

Journée internationale des droits de l'enfant

En parallèle de ce texte, une mécanique a été imaginée pour contrôler régulièrement son application. C’est le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies qui est chargée d’examiner les rapports produits périodiquement par les états eux-mêmes. Depuis 2000, en France, le Défenseur des Enfants (délégué au Défenseur des Droits) est une autorité administrative indépendante qui veille au respect de cette convention en France : il assure aussi la promotion des droits de l’enfant et organise des actions d’information sur ces derniers.

Les Droits de l’Enfant peuvent compter sur d’autres alliés que les Nations Unies et les états pour se défendre. Plusieurs ONG (organisations non-gouvernementales) sont assez actives sur le sujet. C’est par exemple le cas du collectif d’organismes « Dynamique pour les Droits de l’Enfant », d’Amnesty International et bien sûr d’UNICEF (une agence créée par les Nations Unies pour défendre les Droits de l’Enfant dans le monde). Ces derniers produisent, entre autres actions, leurs propres rapports indépendants qui éclairent la situation des enfants dans le monde.

Mais alors en France, en 2024, on en où du respect des Droits de l’Enfant ?

En 2023, La France a été examinée pour la sixième fois par le comité des droits de l’enfant de l’ONU. Ce dernier présente des améliorations dans plusieurs domaines depuis le dernier rapport de 2016. Le comité salue par exemple des progrès dans le domaine de la protection numérique, la lutte contre les violences faites aux enfants et une amélioration de la prise en charge des enfants en situation de handicap.

Cependant il pointe aussi de nombreux manquements. Les experts ont par exemple relevé de fortes inégalités entre métropole et outremer dans les domaines de l’éducation et de la protection de l’enfance. Le comité rappelle aussi que la France a encore beaucoup de travail pour permettre aux enfants en situation de handicap d’accéder pleinement à leurs droits. Sont aussi remarqués la situation des enfants en situation migratoire. Le comité rappelle que “la détention d’un enfant sur la base de leur statut migratoire de leurs parents constitue une infraction des droits de l’enfant et est au contraire au principe de l’intérêt supérieur de l’enfant”.

En nous basant principalement sur ce rapport et le dernier de l’UNICEF (2022), nous vous avons préparé un petit état de lieux de certains droits en quelques chiffres.

Assemblée dans le groupe des 6-10 ans à evasoleil
Une assemblée d’enfants à evasoleil

Article 2 de la C.I.D.E. : les états garantissent le respect de leurs droits à tous les enfants sans distinction ou discrimination

 

inégalité de traitement entre la métropole et outremer

  • 7,4% des enfants de 6 à 13 ans ne sont pas scolarisés en Guyane (2022) contre 0,0075% dans toute la France (2021)

Article 12 : Les enfants ont le droit d’exprimer leur opinion sur toutes les questions qui  les concernent

Seules 6% des communes françaises ont un conseil d'enfants

  • 2% des personnes ont connaissance du « droit d’être entendu » dans toute affaire judiciaire les concernant

Article 19 : Les enfants ont le droit d’être protégés de toutes formes de violences et des mauvais traitements

160 000 enfants victimes de violences sexuelles chaque année en France

  • 9 auteurs présumés sur dix est un membre de la famille proche de l’enfant
  • 26% des personnes sans-abris sont d’anciens enfants placés, 40 % chez les 18-25 ans
  • En 2024, 77% des juges des enfants ont déjà renoncé à ordonner des placements d’enfant en danger faute de places
  • 3 350 enfants sont sur liste d’attente de leur mesure de placement

Article 24 : Les enfants ont le droit à la santé, l’accès aux services médicaux et de rééducation

1/4 des enfants déclare se sentir souvent déprimé ou désintéressé

  • 1/3 des 6-18 ans déclare souffrir de troubles psychologiques

Article 27 : Les enfants ont le droit à un niveau de vie suffisant pour permettre leur développement physique, mental, spirituel, moral et social

42 756 enfants sans domiciles fixes en 2022 en France

  • Plus de 2000 enfants à la rue en septembre 2024, dont 500 de moins de 3 ans
  • Une hausse de 120 % des enfants à la rue depuis 2020
  • En 2024, le budget voté par l’assemblée nationale pour l’hébergement d’urgence est en baisse de 100 millions par rapport à 2023

Article 31 : Les enfants ont le droit au repos et aux loisirs, de participer à une vie culturelle et artistique

1 enfant sur 3 ne part pas en vacances

  • 71% des enfants dont les parents disposent de bas revenus ne sont pas inscrits dans un club ou une association sportive contre 38% dans les milieux favorisés

Article 34 : Les enfants ont le droit d’être protégé contre l’exploitation sexuelle et la prostitution

 

  • Dans 94 % des cas ce sont des filles
  • La moyenne d’âge de ces enfants est de 15 ans
  • 86% d’entre eux donnent des signes de souffrance psychologique
  • 51% consomment des produits stupéfiants ou de l’alcool

Article 42 : Les états s’engagent à faire connaître les Droits de l’Enfant aux adultes et aux enfants

seul 1 jeune sur 10 connaît la CIDE

  • 40 à 60% des adultes connaissent peu la CIDE ou n’en ont jamais entendu parler
  • 77% des enfants de 9 à 12 ans ne sont pas sûrs de connaître la CIDE

Pour conclure

Ces chiffres, quelques uns dans l’océan de données, nous donne une petite idée des chantiers à poursuivre en France pour une application effective de la CIDE. Loin de nous l’envie de comparer la France à ses voisins ou aux autres pays du monde, nous pensons important de se rappeler régulièrement les conditions des enfants et leurs droits. D’autant plus pour les professionnels ou bénévoles de l’enfance et de l’animation qui ont pour mission de faire respecter ces droits et de les faire connaître. Il est aussi bon de se rappeler qu’au pays des droits de l’Homme, il reste encore bien du chemin pour améliorer la participation des enfants à ce qui les concerne, à leur prise en charge médicale, à leur scolarisation… et surtout pour que les droits des enfants soient également respectés quelque-soit la famille dans laquelle ils sont nés, l’endroit où ils vivent, quelque-soit leur couleur de peau ou leur genre.

écrit et réalisé par Sarah, Zoé et Antoine en novembre 2024

Pour aller plus loin :

Animer les Droits de l’Enfant

Animation et Droits de l’Enfant : tout est lié

Comment animer les Droits de l’Enfant auprès d’un public enfant ?

Le droit à l’éducation : la responsabilité de toutes et tous

Respecter et défendre le droit à la participation avec les projets d’enfants

animatrice qui anime un atelier avec deux jeunes filles

Quelques projets d’animation autour des Droits de l’Enfant

CIDEing for change 2016 … et la vidéo produite par les jeunes

La colo, enjeu de Société : défendre l’accès aux vacances pour tous les enfants et la mixité sociale dans les colos

Une animatrice Droits de l’Enfant sur une colo : ça donne quoi ?

États des lieux des Droits de l’Enfant en France :

Droits de l’Enfant en 2017 : le dossier complet

Et en 2023, on en est où ?

Nos sources :

Les derniers rapports

Le rapport de l’UNICEF de 2022 : Constats et recommandations

Le rapport de la Dynamique pour les Droits de l’Enfant  de 2023

Les grandes lignes du sixième rapport du comité dédié à l’ONU sur l’état des Droits de l’Enfant en France en 2023

La Convention et la France

L’Indice de Concrétisation des Droits de L’Enfant en France (Humanium)

La convention Internationale des Droits de l’Enfant (diplomatie gouv)

Les Droits de l’Enfant en 5 questions (Vie Publique)

Focus sur la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (Amnesty)

Protection de l’enfance

Quelques chiffres clés sur la protection de l’enfance en France en 2024 (l’ONPE)

Collectifs des 400 000 : l’état alarmant du secteur de la protection de l’enfance en 2024 (ASH Hebdo)

Droit au logement

Nombre reccord d’enfants sans abris à la veille de la rentrée scolaire de 2024 (Le Monde)

Droit aux loisirs

L’importance des loisirs, des sports et de la culture dans le développement des enfants (Vie Publique)

L’inégalité devant l’accès aux vacances (Secours Populaire)

Mineurs victimes de la prostitution

Synthèse du rapport sur la prostitution des mineurs en France en 2021 (santé gouv)

Prostitution des mineurs : trois chiffres clés sur ce fléau (20 minutes)

Autorité et adolescents : partager le pouvoir

On a l’habitude d’entendre et de dire qu’il est plus compliqué d’instaurer une autorité d’adulte avec des ados et le fait de laisser du pouvoir de décision à des jeunes est souvent perçus comme une atteinte au statut de l’adulte. Pour y répondre, quelques questions ont été posées à quatre animateurs des groupes d’adolescents, de 16 ans à 17 ans, des colos Evasoleil à Montalivet.

Une Agora dans une colonie de vacances ?

 

L’été 2022, Evasoleil a expérimenté pour la première fois des Agoras quotidiennes sur le séjour estival organisé à Montalivet, en Gironde. Cet article vise un partage d’expérience qui nous semble intéressant à vous raconter, jeunes, parents, animateurs, bénévoles ou volontaires dans l’univers de la colonie de vacances.

Animation volontaire, 119 et enfance en danger

Accueillant environ 750 enfants chaque été, les équipes d’Evasoleil, comme tous les acteurs de l’enfance, sont malheureusement confrontées à des situations d’enfants en danger.

Pourtant, on pourrait penser que la colo n’est pas le lieu idéal pour qu’un enfant se confie : de nouveaux repères à construire pour une courte durée, un contexte de vacances, des anims non professionnels formés pour faire vivre un projet démocratique agréable, de mixité sociale attentionnée.

Animer : s’engager pour les vacances des enfants

La parole aux anims ! Maha, Agatha, Mathieu, Morgane et Eugène ont des parcours très diversifiés dans l’animation et croisent leurs regards pour comprendre ce qui les pousse à participer à l’organisation des colonies de vacances pour les enfants. Ce petit groupe constitué pour l’occasion à abouti à cet article qui nous permet de mieux comprendre les raisons et le caractère singulier de cet engagement pour faire partir les enfants en vacances.
Un article que nous lisons un peu comme une déclaration d’amour d’anims volontaires envers le monde de la colo. Merci à eux pour cette co-écriture pleine de tendresse.

Organiser des vacances pour ses enfants

Pour répondre à la question “pourquoi et comment organiser des vacances pour les enfants”, nous avons demandé son avis à Carole, mère de 2 enfants. Elle nous a livré son point de vue de maman sur l’organisation des vacances de ses propres enfants. Carole nous parle de la complémentarité , entre vacances en famille et séjours de vacances pour enfants.

C’est toujours intéressant d’entendre le témoignage d’un parent quand est animateur ou directeur de colo : qu’attendent les parents de nous?

Ces enfants placés

Aline a été sollicitée par Evasoleil pour répondre à la question suivante : “Comment et pourquoi organiser des vacances pour les enfants ?”
Après avoir passé près de 10 ans dans des périscolaires, centres de loisirs et colonies pour les enfants, elle a ôté sa casquette de coordinatrice pédagogique il y a 2 ans pour intégrer l’équipe d’un lieu de vie. En tant que permanente de ce lieu de vie, elle a choisi de répondre à la question posée avec le recul de ses deux années de pratique au contact d’enfants et de jeunes placés par les services de l’aide sociale à l’enfance.
Elle livre sa vision actuelle, très personnelle, du monde de l’enfance protégée, et se saisit de la tribune proposée par Evasoleil. Son témoignage n’engage pas l’Association et n’est le reflet que de sa propre expérience.

Pourquoi déplacer des enfants ?

Jean-Michel Bocquet est l’auteur de ce texte. Pédagogue, directeur associatif et chargé de cours à l’université Paris Nord Sorbonne, il travaille sur et avec les pédagogies de la décision, forme de pédagogies du care.
Il milite pour que les colonies de vacances pour les enfants (re)deviennent une politique publique d’envergure, qu’elles permettent de construire les citoyen.nes émancipé.es d’aujourd’hui.

Pourquoi t’es là?

 

Organisme de formation BAFA pendant 3 ans, Evasoleil a également mené d’autres formations, notamment en direction des collectivités.
En 2021, nous faisons naître une commission qui prend en charge les questions de formation et étudie le champ de l’animation. Nous sommes les membres bénévoles de cette commission et nous nous réunissons régulièrement pour proposer des sujets de réflexion autour de l’animation ; c’est à l’issue d’une de nos table-rondes que l’idée de réunir des expériences et témoignages différents d’animateurs sur la question du sens et de l’impact socio-éducatif de l’animation est arrivée.

Conversation entre directeurs

Un sujet d’article difficile : Qu’est-ce qu’un directeur dans une équipe d’animation ? La question est tellement omniprésente dans les formations de directeurs et leurs expériences qu’il nous semblait pertinent de l’aborder sur Expression Libre. Mais comment ? C’est un sujet à la fois personnel, presque intime… Alors nous avons fait le choix d’en discuter, librement, à travers un échange d’idées.

Place les droits dans la colo

L’association Evasoleil est née d’un profond respect des enfants et de leurs droits, inscrits dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Sans toutefois le dire, la construction des séjours a toujours eu pour but de respecter et promouvoir ces droits.

Depuis 2015, c’est de façon plus concrète et plus consciente qu’Evasoleil s’engage pour la promotion et le respect de la CIDE.
Quelques articles racontent l’histoire de cet engagement et proposent des outils pour s’engager, car chaque année de nouvelles actions voient le jour et de nouveaux articles sont mis en ligne, comme le projet “La colo : enjeu de société”, qui est devenu autonome grâce au partenariat avec Lilo.

Vous avez dit « démocratique » ?

 

Parfois, presqu’au hasard, nous découvrons que certains de nos adhérents ne sont pas si éloignés de notre projet associatif. 
Voici à l’honneur le projet d’une adhérente, Mylène (qui inscrit son fils Raphaël dans des colos Evasoleil) qui monte une école démocratique. Expression libre est une tribune pour parler démocratie, pédagogie, éducation populaire… Vous avez dit “démocratique”?

Animateurs bénévoles pour le projet “la colo enjeu de société”

 

En 2019, ce sont 8 enfants vivant en situation d’extrême pauvreté qui sont inscrits en colo avec Evasoleil, grâce au projet que nous portons depuis 2017 : La colo enjeu de société.
8 enfants, c’est jamais assez, mais c’est déjà ça… 

Notre projet Lilo a permis en un an de recueillir 3874€ de gouttes d’eau.
Cette année, 2 animateurs ont souhaité augmenter les fonds dédiés à ce projet, en demandant à devenir bénévoles de l’équipe d’animation : Aline et Théodore.

Projet d’animation vs projet de société

 

Cet article s’adresse à tous les adultes, professionnels de l’éducation ou non, qui se reconnaissent dans le questionnement suivant :

“Quand je lis des critiques de la pédagogie par objectifs, j’adhère, ça me questionne, ça me donne envie de remettre en cause mes pratiques. MAIS… je suis convaincu.e qu’en tant qu’éducateur.ice, j’ai bien un projet. J’ai des ambitions pour ces enfants dont je m’occupe. Je m’intéresse à l’éducation parce que j’ai envie d’apporter mon grain de sable pour une transformation de la société, pour une société plus … . Alors comment faire ?”

La relation enfant – animateur

 

Le projet Evasoleil repose sur 3 piliers pédagogiques. L’un d’eux est ce que nous appelons « l’individualisation ».
La pédagogie différenciée, ou l’individualisation est étroitement liée à la relation entre l’enfant et l’animateur. Les questions de posture, de référence (et double-référence comme nous l’appelons à Evasoleil), d’autorité, de proximité, de confiance sont des questions que tous les animateurs se posent continuellement, à Evasoleil comme ailleurs.

Le CEE est-il vraiment l’ennemi de l’animateur ?

 

David Dumont est un animateur professionnel, diplômé d’un BPJEPS LTP. 
C’est le 5 juin 2018 que nous interceptons le texte qui suit, sur un groupe facebook d’animateurs bien connu : Réseau Animation. Nous lui avons proposé de le publier ici, pour plus de visibilité. Ses propos, que nous trouvons intéressants pour ouvrir la discussion, n’engagent que lui. Evasoleil lui propose une tribune pour permettre le débat et l’échange sur le sujet du Contrat d’Engagement Educatif (CEE) qui sont les contrats majoritaires pour les colos, mais pas que…
La parole est à David… Les commentaires en fin d’article sont possibles.

Quand Evasoleil rencontre Courcelles

Dans le cadre du projet DREAM (étude européenne sur la démocratie affective), Laure et Sylvain sont invités à découvrir la pédagogie de la maison de Courcelles, lors d’une colo du mois d’avril 2018. Voici notre expérience racontée :

Les Colos : Point de rassemblement

Sommaire

A la recherche de tous et toutes les mixités
    – Réunir des classes aisées, moyennes et défavorisées
    – Aller à la rencontre des publics invisibilisés en situation d’extrême pauvreté et de précarité

Notre rencontre avec Intermèdes Robinson
    – Présentation d’Intermèdes Robinson
    – Présentation des publics exclus accueillis par Intermèdes Robinson
    – Qu’est ce que représente la rencontre

Comment inviter ces publics ?
    – L’utilisation de l’excédent d’un compte de résultat associatif
    – La volonté personnelle d’offrir des séjours à des enfants en situation de pauvreté
    – Lilo

L’engagement, pièce fondamentale de notre projet

 

C’est un exercice difficile de parler de l’engagement en évitant les écueils de la généralisation, surtout pour une association qui se construit avec les autres et dont chaque membre a son propre parcours, sa propre motivation.
Alors, nous avons décidé de co-écrire un article sur les points de vue personnels des membres du conseil d’administration et des 2 permanents.

L’article suivant pose des hypothèses, des points de vue personnels, et ne se veut nullement être une doctrine.

S’émanciper de la pédagogie par objectifs

 

Nous partageons l’intuition depuis des années que la pédagogie doit permettre, créer du possible, de l’action individuelle et collective, la rencontre… Et pas de l’emprisonnement. (Stefan Bouquet et Sylvain Stienon)

Nous avons souhaité tous deux coordonner l’écriture d’un article sur la question des alternatives à la pédagogie par objectifs apprise traditionnellement dans les formations d’animateurs, et relayée dans les ACM.

La colo : En jeu de société

Les colonies de vacances sont des lieux où se rencontrent des enfants, des jeunes, autour de moments de loisirs, de vacances. Un peu comme un chantier de société où les outils sont le jeu et le plaisir, les enfants vivent une de leurs premières expériences collectives. Mais quelle société vont-ils fabriquer ? Une société segmentée ou mélangée ?

Concertations d’enfants : Outils pédagogiques du faire-ensemble

 

La concertation, quelque soit sa forme, est difficile car elle dépend d’énormément de facteurs mouvants, invisibles, et les témoignages de pratiques sont rares.
Il me paraissait donc intéressant de témoigner, non comme un expert, mais plutôt un praticien chercheur (dans le premier sens du terme, c’est-à-dire tout sauf trouveur).
Je ne livrerai donc pas de recette ici, à peine quelques suggestions personnelles (en vert) et différentes impressions tirées de mes expérimentations aussi imparfaites que nombreuses et motivées, qui j’espère, aideront quelques animateurs motivés à mettre mieux en place les réunions d’enfants dans les ACM.
Merci à Flo pour les dessins (animatrice avec qui j’ai eu la chance de travailler !). Pour la découvrir : Floraison

Une vision éducative indispensable pour l’animateur

 

Il y a autant de visions du rôle de l’animateur que d’animateurs…

Mathieu Mauvieux, Alexi Uyttersprot, Loïc Renault, et Sylvain Stienon ont co-écrit cet article, suite à d’innombrables discussions avec des animateurs de tous les horizons. Floriane Gander (Floraison) nous a offert ses dessins.

Selon notre personnalité, notre histoire de vie, notre propre éducation, notre formation, nos employeurs successifs et notre expérience, nous deviendrons un animateur refusant toute place à l’éducatif dans nos fonctions, ou au contraire, un animateur qui politisera ses actions en cherchant à donner du sens, une dimension éducative à son rôle.

Les activités spontanées : Une autre méthodologie d’animation


Voici un article d’Alexi Uyttersprot, BAFA, BAFD, BP JEPS LTP qui débute l’animation il y a 10 ans en ALSH. Il est depuis 2012 directeur d’un SAEJ, formateur BAFA et BAFD, et défend une pédagogie nouvelle au quotidien.

Nous sommes toujours heureux lorsqu’un directeur en fonction démontre qu’il est possible de faire autrement, en tenant compte davantage des envies des enfants.
Si le projet n’est pas le notre, il a bien sa place ici, sur notre site, car porté par la même envie d’innover, de trouver des formes concrètes servant une éducation populaire moderne et réfléchie, respectueuse du public.

La mixité sociale et culturelle dans les colos

 

Les événements internationaux récents et les impressions populaires n’ont cessé de rappeler aux éducateurs l’importance de la notion de vivre-ensemble dans les espaces éducatifs dédiés aux enfants et aux jeunes.

Les peurs partagées, les méconnaissances des religions, des cultures, les inégalités sociales, séparent jour après jour les gens des uns des autres, les opposent, les regroupent en communautés. 

La colo, comme le sport certaines fois, est une formidable opportunité pour la rencontre des publics.

Mais la mixité sociale et culturelle existe t-elle encore vraiment en colonie de vacances ?

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